Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/128

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jamais, en lisant l’Évangile, que Jésus demande que l'on croie seulement à la bonté de Dieu, sans s’inquiéter autrement de l’avenir ni de lui-même. Au lieu d’avancer un paradoxe en affirmant que celui qui tient Jésus pour Fils de Dieu ajoute quelque chose à l’Évangile [1], on risque seulement de commettre un contresens d’ensemble sur la prédication du Christ.

C’est sa propre religion, non celle de l’Évangile, que M. Harnack expose et défend quand il proclame que « Dieu et lame, l’âme et son Dieu sont tout le contenu de l’Évangile [2] ». L’Évangile historique n’a pas cette couleur mystique et individualiste. Pour le contraindre à prendre cette forme, le théologien protestant peut avoir ses motifs, ou plutôt il a sa foi, plus puissante que tout motif, et qui le dispense d’en chercher. L’historien ne voit pas la raison de cette violence.

Il ne comprend pas davantage où va l’argument déduit de ce que l’on ferait une hypothèse désespérée en supposant que, dans la pensée

  1. P. 92.
  2. P. 90.