Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/129

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de Jésus, sa prédication serait quelque chose de provisoire, où tout devrait changer de sens, après sa mort et sa résurrection, et dont une partie même serait à négliger un jour comme n’ayant plus de valeur.

L’hypothèse, en effet, serait sans signification pour l'historien ; mais ce n’est pas l’historien qui en a besoin. C’est le théologien qui peut être tenté de s’en servir, et M. Harnack n’échappe à la nécessité de cette conjecture qu’en usant d’un moyen moins acceptable encore. Le Christ évangélique n’a pas fait deux parts dans son enseignement, l’une comprenant ce qui aurait une valeur absolue, et l’autre ce qui aurait une valeur relative, pour l’adaptation au présent. Jésus parlait pour dire ce qu’il pensait vrai, sans le moindre égard à nos catégories d’absolu et de relatif. Mais qui donc a distingué, dans la notion du royaume, l’idée du royaume intérieur, qui aurait une valeur absolue, et l’idée du royaume à venir, qui n’aurait eu qu’une valeur relative ? Qui donc a trouvé, dans la conscience filiale du Christ, un élément de portée universelle, la connaissance du Dieu Père, et un élément juif, dont l’unique avantage était de situer Jésus dans