Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/133

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aucun enseignement théorique, mais on ne peut pas dire qu’il ait pour seul dogme la vérité du Dieu Père [1]. Bien d’autres choses sont enseignées dans l'Évangile aussi explicitement et avec autant d’assurance que la paternité de Dieu : et d’abord la réalité du royaume à venir, la certitude du message évangélique concernant le royaume, et la mission de celui qui l’annonce. La foi à la bonté de Dieu n’est pas conçue indépendamment de la foi à sa promesse, au royaume et au Christ, agent du royaume. La question de la christologie ne se confond nullement avec la foi au Christ. Si Jésus n’a pas enseigné de doctrine christologique, il ne s’ensuit pas que sa prédication et la foi qu’on y pouvait avoir n’eussent aucun rapport avec la foi à sa personne. N’ayant pas à se dire Messie et n’annonçant que le royaume prochain, Jésus ne demandait la foi à sa mission que dans la foi à son message, à la promesse du royaume. Mais il allait de soi que, lors du grand avènement, tous les élus devraient saluer le Sauveur par le cri messianique : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur [2]. »

  1. P. 92.
  2. Cf. MATTH. XXIII, 39.