Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/136

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et n’a jamais cessé de changer, mais ce qui, nonobstant tous les changements extérieurs, procède de l’impulsion donnée par le Christ, s’inspire de son esprit, sert le même idéal et la même espérance.


III

Si l'on met l’essentiel de l’Évangile et la conscience de la filiation divine dans la connaissance du Dieu Père, l’idée du royaume et la conscience messianique de Jésus n’apparaissent pas seulement comme des accessoires dune utilité toute relative, mais comme de pures illusions, comme une dette payée par le Sauveur aux préjugés de son temps. Ainsi comprise, l’œuvre personnelle du Christ se présente comme un beau transport d’enthousiasme irréfléchi, qu’un élément de religion pure a empêché de verser dans le fanatisme, sans lui rien enlever de son caractère chimérique.

En vain M. Harnack a-t-il commencé par placer Jésus au-dessus de Socrate [1]. Si l’espérance messianique

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