Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/137

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a été inconsistante et fausse, le philosophe mourant pour la cause de la raison fut plus sage que le Christ mourant pour la cause de la foi ; car il accepta simplement sa destinée, sans se promettre dans l’avenir une compensation qui lui aurait échappé. C est ainsi que le rationalisme théologique, au lieu d’expliquer l’Evangile, en vient à le mutiler, et, sous prétexte de sauvegarder la grandeur de Jésus, le ravale au-dessous, non seulement de Socrate, mais de tout homme doué de sens commun. L’Évangile et le Christ sont comme décomposés en deux éléments : un sentiment moral que l’on veut bien trouver admirable, et un rêve que l’on n’ose pas trouver ridicule. Avec une critique plus pénétrante et une philosophie plus large, on s’apercevrait que ces deux éléments ne sont nullement hétérogènes ; que, si la tradition ne les a jamais séparés, c’est qu’ils ne sont point séparables ; que la religion du cœur et l’espérance du royaume éternel ne sont pas respectivement la réalité et la fantaisie du christianisme, mais constituent ensemble la religion de Jésus.

Selon la logique de la foi, si l’idée du royaume céleste est réelle, l’Evangile est divin, et Dieu