Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/142

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et par lui-même. L’historien, comme tel, ne peut apprécier la valeur objective de cette persuasion ; le chrétien n’en doutera pas, et même on n’est chrétien que si on l’admet.

Il peut sembler à certains esprits, en qui l’habitude de l’abstraction et du raisonnement a émoussé le sens des choses et de la vie, que l’espérance du royaume était trop commune, trop imaginative, trop peu conforme à ce qui est arrivé, pour être digne du Sauveur. N’a-t-on pas déjà vu des savants catholiques insinuer, sinon professer ouvertement, que les premiers chrétiens pourraient avoir prêté au divin Maître leur illusion apocalyptique, comme si la parousie, l’avènement du Christ dans la gloire, n’était pas l’élément essentiel du messianisme, et comme si le messianisme n’était pas la seule définition historique du rôle de Jésus ? On ne saurait apprécier plus mesquinement un fait qui se présente à l’historien comme la plus grande manifestation de foi qui se soit jamais produite sur la terre.

Jésus est mort confiant dans l’avenir de son œuvre et dans son prochain triomphe. Sa confiance ne provenait pas d’un effort pour se dissimuler l’insuccès présent, pour surmonter les