Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/141

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humain. Devenu l’espérance du peuple chrétien, il a corrigé par voie d’interprétation certaines parties de son symbolisme israélite. Il n’en reste pas moins la représentation lointaine et toujours perfectible, parce qu’elle, est toujours inadéquate et insuffisante, du grand mystère, Dieu et la destinée providentielle de l’homme et l’humanité.

C’est ce mystère que Jésus a révélé, dans la mesure où il pouvait être révélé, et dans les conditions où il devait l’être. On peut dire que le Christ l'a vécu autant qu’il l’a manifesté. S’il n’avait eu en vue que la propagation d’une doctrine, l’organisation d’une société terrestre, où même la fondation d’une religion particulière, le Christ n’aurait pas été seulement moins sage que Socrate, il eût été moins habile que Mahomet. Il ne poursuivait pas un tel projet, et ce n’est pas un rêve décevant qui l’en a détourné. Son rêve était son projet même, la réalisation du bonheur parfait dans la parfaite justice, de l’immortalité dans la sainteté. Et cette réalisation était déjà opérée en lui par l’union à Dieu, la confiance au Père céleste, la certitude intime de l’avenir éternel garanti à l’humanité en sa personne