Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/158

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sont deux vies très distinctes, quoique connexes, et que les pêcheurs galiléens auraient malaisément conclu de Tune à l’autre, s’ils n’y avaient été aidés de toute manière.

Dans cette thèse absolue de M. Harnack, comme dans sa conception du royaume des cieux, on reconnaît sa tendance à concentrer la religion en un seul point où l'on devrait voir la réalisation du parfait : ce point unique serait la vie éternelle acquise présentement dans l’union avec le Dieu bon. Jésus serait le héraut unique de cette unique révélation, qui reste immuable dans cette forme pure, sans que rien la prépare, et sans qu’elle marche elle-même avec les siècles qui la suivent. A la place du surnaturel qu’il abandonne, et au lieu d’en éclairer la notion, le savant théologien introduit quelque chose d’assez inconsistant, une sorte de révélation humaine et absolue, subite et immuable, qui se serait produite dans la conscience de Jésus et que l’Evangile ne connaît pas.

Le christianisme n’a pas fait ainsi son entrée dans le monde. S’il n’est pas, et tant s’en faut, le produit fatal d’une combinaison de croyances hétérogènes venue de la Chaldée, de l’Egypte, de l'Inde,