Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

autorité de domination ; la hiérarchie qu’on y trouve est celle du dévouement. Cependant un pouvoir positif, d’ordre social, appartient visiblement aux apôtres, celui d’agréger les convertis à la communauté, d’exclure les indignes et de maintenir le bon ordre.

Cet état de choses résultait de ce que Jésus avait fait et voulu ; car le Sauveur n’avait pas abandonné la prédication de l’Évangile aux premiers venus ; il l’avait confiée à ceux qui avaient tout quitté pour le suivre. Peu importe que ce premier groupe chrétien n’eût pas encore conscience de former une société distincte du judaïsme ; le principe de vie propre, qu’il tient de sa foi en Jésus, lui a déjà donné subsistance en lui-même ; son individualité grandira dans la lutte qu’il devra soutenir pour se conserver et s’étendre. Pas plus que Jésus les apôtres ne s’enfermaient dans la sphère purement intérieure. Leur activité tendait à l’organisation d une société religieuse. Et ce n’est pas seulement plus tard que les inconvénients de l’action extérieure se firent sentir : l’Evangile de Jésus a son revers dans le caractère absolu de sa formule, qui est, à la fois, son côté faible et la condition de son entrée dans le