Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/182

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aux proportions d’un culte national, ils ont détruit, autant qu’il était en eux, la notion du catholicisme, que l’Eglise romaine avait reçue en dépôt et qu’elle entendait garder.

Si cette Eglise a pris des airs d’impératrice qu’elle n’avait pas aux premiers temps, si elle a voulu donner des formes juridiques, on pourrait dire constitutionnelles, à sa prééminence et à son action, ce n’est pas seulement en vertu dune tradition locale et héréditaire de domination universelle, qui aurait passé de l’empire à l’Eglise, de César au successeur de Pierre, mais par l’effet d’un mouvement général qui, depuis les origines, poussait l’Eglise à s’organiser en gouvernement, et qui s’était fait sentir en Orient aussi bien qu’en Occident. L’Eglise avait des biens, une discipline, une hiérarchie. Elle ne pouvait se passer d’un droit ; mais le droit ne peut subsister sans l’autorité qui le garantit ; et cette autorité même a besoin, pour être efficace, d’avoir ses représentants officiels. Les papes du IVe et du Ve siècle veulent être les juges en dernier ressort de toute la chrétienté, comme ceux des deux siècles précédents voulaient que l’Eglise romaine servît de type aux