Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/185

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d’Occident, l’Église avait maintenu ses cadres ; elle seule avait survécu, et c’est dans son sein, sous son influence et sa direction, que se fondaient les royaumes nouveaux et qu’ils s’avançaient vers la civilisation. L’Eglise n’avait pu mener à bien l’œuvre de leur conversion sans se faire leur institutrice dans l’ordre temporel. Elle avait dû être leur maîtresse, en toute science et leur enseigner les éléments de la sagesse antique en même temps que l’Évangile du salut ; elle avait dû même se faire craindre dans l’ordre temporel pour n’être pas anéantie dans l’ordre spirituel. L’individualité des nations naissantes commençait à peine à se dessiner ; sur toutes planait encore le souvenir de l’empire romain, de l’unité romaine, idéalisé dans le sentiment de l’unité catholique ; une sorte de grand État, fait d’États encore informes, se constituait, république universelle qui était une Église, et dont le vrai chef, le seul chef naturel, était le pape, ayant sous lui, bon gré malgré eux, les souverains temporels. Dans cette mêlée qu’elle avait besoin de dominer pour ne pas disparaître, l’Église se transformait et grandissait toujours ; elle grandissait pour durer, parce que les changements