Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/186

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qui s’opéraient en elle étaient la condition même de son existence.

Avec l’autonomie des Eglises particulières, on aurait eu la submersion complète du christianisme dans la superstition et la féodalité germaniques. Des réformes devinrent possibles dès que Rome eut tout pouvoir pour les appuyer, lors même qu’elle n’aurait pas eu toujours l’initiative de les provoquer. La grande situation temporelle des papes, au XIIe et au XIIIe siècle, n’a été que la garantie de leur indépendance dans l’ordre spirituel ; et, dans cet ordre, les papes ont dû être ce qu’ils étaient, ce qu’ils sont devenus, pour que l’Église fût encore l’Eglise, pour qu’elle ne cessât pas d’être le christianisme et la religion de Jésus. Que serait-il arrivé si les pontifes s’étaient tout à coup avisés que l’essence du christianisme consistait dans la foi au Dieu Père et qu’il fallait se borner à représenter cette vérité aux individus qui voudraient bien en faire leur religion ?

A partir du XIVe siècle, les conditions générales de la société catholique se modifient. Il n’y a plus vraiment de république chrétienne, mais des Etats chrétiens, suffisamment affermis