Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/189

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sorte que l’historien ne peut pas dire que l’ensemble de ce mouvement soit en dehors de l’Evangile. Le fait est qu’il en procède et qu’il le continue.

Des objections qui peuvent sembler très graves, au point de vue d’une certaine théologie. n’ont presque pas de signification pour l’historien. Il est certain, par exemple, que Jésus n’avait pas réglé d’avance la constitution de l’Eglise comme celle d’un gouvernement établi sur la terre et destiné à s’y perpétuer pendant une longue série de siècles. Mais il y a quelque chose de bien plus étranger encore à sa pensée et à son enseignement authentiques, c’est l’idée d’une société invisible, formée à perpétuité par ceux qui auraient foi dans leur cœur à la bonté de Dieu. On a vu que l’Evangile de Jésus avait déjà un rudiment d’organisation sociale, et que le royaume aussi devait avoir forme de société. Jésus annonçait le royaume, et c’est l’Eglise qui est venue. Elle est venue en élargissant la forme de l’Evangile, qui était impossible à garder telle quelle, dès que le ministère de Jésus eut été clos par la passion. Il n’est aucune institution sur la terre ni dans l’histoire des hommes dont on ne