Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/190

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puisse contester la légitimité et la valeur, si l’on pose en principe que rien n’a droit d’être que dans son état originel. Ce principe est contraire à la loi de la vie, laquelle est un mouvement et un effort continuel d adaptation à des conditions perpétuellement variables et nouvelles. Le christianisme n’a pas échappé à cette loi, et il ne faut pas le blâmer de s’y être soumis. Il ne pouvait pas faire autrement.

La conservation de son état primitif était impossible, et la restauration de cet état l’est également, parce que les conditions dans lesquelles s’est produit l’Evangile ont à jamais disparu. L’histoire montre l’évolution des éléments qui le constituaient. Ces éléments ont subi et ne pouvaient manquer de subir beaucoup de transformations ; mais ils sont toujours reconnaissables, et il est aisé de voir ce qui représente maintenant, dans l’Eglise catholique, l’idée du royaume céleste, l’idée du Messie agent du royaume, l’idée de l’apostolat ou de la prédication du royaume, c’est-à-dire les trois éléments essentiels de l’Evangile vivant, devenus ce qu’ils ont eu besoin d’être pour subsister. La théorie du royaume purement