Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/19

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l’authenticité ou le sens peuvent être douteux. On irait contre les principes les plus élémentaires de la critique en échafaudant une théorie générale du christianisme sur un petit nombre de textes médiocrement garantis, et en négligeant la masse des textes incontestés et leur signification très nette. Avec une telle méthode, on offrirait au public une synthèse doctrinale plus ou moins spécieuse, mais non l’essence du christianisme d’après l’Évangile.

M. Harnack n’a pas évité cet écueil. Sa définition de l’essence du christianisme n’est pas fondée sur l’ensemble des textes certains, mais elle repose, en dernière analyse, sur un très petit nombre de textes, on pourrait presque dire sur deux passages : « Nul ne connaît le Fils, si ce n’est le Père, ni le Père, si ce n’est le Fils [1] », et : « Le royaume de Dieu est en vous [2] », qui ont chance l’un et l’autre d’avoir été influencés, sinon produits,

  1. MATTH. XI, 27.
  2. LUC, XVII, 21.