Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/193

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et que l’Église observe, vis-à-vis du royaume céleste, la même attitude que Jésus.

Dans leur polémique antitraditionnelle, les théologiens protestants les plus éclairés, ceux qui reconnaissent, avec M. Harnack, au développement catholique une sorte de nécessité relative, n’en raisonnent pas moins volontiers comme s’il n’était pas évident que l’on condamnerait le christianisme à mort en voulant le ramener à sa forme et à son organisation primitives, et comme si la condition naturelle de sa conservation et l’expression de sa vitalité n’avaient pas été le changement. Ils sont moins exigeants pour eux-mêmes, quand il s’agit de justifier leurs propres convictions religieuses, qui sont bien loin pourtant de se confondre avec l’Évangile de Jésus. Que font ils autre chose que d’approprier l’Évangile aux besoins de leur conscience personnelle ? L’Eglise aussi, depuis le commencement, approprie l’Évangile aux besoins des hommes à qui elle s’adresse.

Ce n’est pas l’appropriation personnelle qui continue le ministère du Christ, la prédication de la « bonne nouvelle » et la préparation du royaume des cieux, Même chez les protestants,