Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/192

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triomphante, qui est le royaume des deux réalisé dans l’éternité, jugé réalisable encore à l’extrême limite des temps. Si les dimensions de l’horizon évangélique ont changé, le point de vue est resté le même. L’Église a retenu l’idée fondamentale de la prédication du Christ : aucune institution terrestre ne réalise définitivement le royaume, et l’Evangile ne fait qu’en préparer l’accomplissement. L’on devine sans peine pourquoi des théologiens comme M. Harnack abandonnent l’eschatologie évangélique. Mais la question est uniquement de savoir si l’eschatologie n’a pas été un élément essentiel de l’Evangile historique, et si l’Eglise, qui a retenu cet élément essentiel de l’Evangile, ne continue pas véritablement le Christ. Que l’eschatologie évangélique ait été, au fond, le symbole expressif de réalités complexes et indescriptibles ; que l’eschatologie ecclésiastique soit aussi un symbole, toujours perfectible, des mêmes biens espérés, le théologien traditionnel peut le soutenir et continuer ainsi à placer l’essence de l’Evangile là où Jésus a voulu la mettre. Toujours est-il que Jésus et l’Eglise ont les yeux levés dans la même direction, vers le même symbole d’espérance,