Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/21

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reste dans les Évangiles qu’un écho, nécessairement affaibli et un peu mêlé, de la parole de Jésus ; il reste l’impression générale qu’il a laissée à ses auditeurs bien disposés, ainsi que les plus frappantes de ses sentences, selon qu’on les a comprises et interprétées ; il reste enfin le mouvement dont Jésus a été l’initiateur.

Quoi que l'on pense, théologiquement, de la tradition, que l’on s’y fie ou que l’on s’en défie, on ne connaît le Christ que par la tradition, à travers la tradition, dans la tradition chrétienne primitive. Autant dire que le Christ est inséparable de son œuvre, et que l’on tente une entreprise qui n’est qu’a moitié réalisable, quand on veut définir l’essence du christianisme d’après le pur Évangile de Jésus, en dehors de la tradition, comme si cette seule idée de l’Évangile sans la tradition n’était pas en contradiction flagrante avec l’état du fait qui est soumis à la critique. Cet état de choses, trop naturel, n’a rien de déconcertant pour l’historien ; car l’essence