Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/226

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chrétien sont antérieurs au IIIe siècle, et l’on ne peut nier qu’ils contiennent les éléments essentiels du dogme trinitaire. La définition systématique du dogme est en rapport avec la définition systématique de la rédemption ; mais, avant ces définitions, les idées qui les supportent existaient dans la tradition chrétienne, et leur évolution a son point de départ dans l’Evangile de Jésus et la tradition apostolique. Le développement du dogme de la grâce et celui du dogme de l’Eglise se sont effectués dans les mêmes conditions que celui du dogme théologique. L’Occident n’eut jamais beaucoup de goût pour les spéculations où le génie de l’ancienne Eglise orientale s’est toujours complu et souvent égaré. Là, au lieu d’être matière de métaphysique transcendante ou d épopée cosmologique, la religion était source de piété intime et instrument d’ordre social. A Rome et dans les pays latins, on conçoit volontiers la religion comme une discipline et un devoir de la société. Pour les races germaniques, elle est un principe de vie intérieure, le poème de lame, où l’on ne voit plus réellement que « Dieu et l’âme, l’âme et son Dieu ». L’esprit de gouvernement, inné à Rome,