Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/227

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a contribué au développement ecclésiastique et il a préparé pour les temps modernes le développement du dogme de l’Eglise. L’esprit de piété n’a manqué à aucune fraction de la chrétienté ancienne ; cependant il n’a donné lieu à un développement spécial, propre à l’Église latine, que par saint Augustin et l’influence de l’augustinisme, influence qu’il ne faut pas confondre entièrement avec le crédit dont a joui auprès des théologiens le système augustinien de la grâce. Comme l’a remarqué M. Harnack, l’histoire du christianisme occidental, depuis le Ve siècle, est faite des rapports qui ont existé entre deux facteurs : l’esprit de piété, qui tend à faire de la religion une affaire personnelle, et l’esprit de gouvernement, qui tend à faire de la religion une chose officielle, réglée en tout par l’autorité souveraine du pontife romain. L’aboutissant extrême delà première tendance est l’individualisme religieux ; celui de la seconde, l’absolutisme ecclésiastique. De leur équilibre résulte la vie du, christianisme, qui s’évanouirait assez promptement le jour où l’une de ces tendances ne ferait plus aucun contrepoids à l’autre, le protestantisme subsistant comme religion par un