Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

En présentant à chaque croyant un programme de rédemption morale fondé sur le sentiment intime de l’infirmité humaine et de la mystérieuse efficacité de la grâce par la foi, l’espérance et l’amour, le dogme de la grâce s’est trouvé parfaitement approprié à l’esprit des peuples nouveaux que l’Eglise allait avoir à convertir, et qui sont maintenant les peuples chrétiens, catholiques et protestants, de l’Europe occidentale. Ces peuples ont pris la religion comme une médecine spirituelle, condition et fruit d’une lutte intérieure, renaissance de l’individu et progrès vers sa perfection morale, liberté supérieure à toutes les franchises de l’ordre social, principe d’action et de vie saintes, déification de l’homme, non plus seulement dans la lumière de Dieu, mais par la vie de Dieu en lui et par l’activité de l’amour.

Ce dogme, psychologique et humain, que la tradition postérieure a quelque peu modifié en l’interprétant, ne se rattache ni plus ni moins que le dogme théologique à renseignement de Jésus. Il procède directement de Paul. L’Apôtre n’avait pas considéré seulement le salut comme une fonction cosmologique du Christ, mais d’abord