Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/278

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croyance et du rite n’a pas plus varié que pour le baptême. La cène des premiers chrétiens était un mémorial de la passion et une anticipation du festin messianique, où Jésus était présent. Il n’y a pas de différence très sensible entre la conception paulinienne de l’eucharistie et l’idée qu'en ont aujourd’hui les simples chrétiens, étrangers aux spéculations de la gnose théologique, et qui croient entrer en communion réelle avec le Christ-Dieu par la réception du pain consacré. Le culte chrétien tout entier se développa autour de la cène eucharistique. La simple bénédiction et la distribution du pain et du vin, détachées de l’agape, entourées de lectures, de prières, de chants, étaient devenues le sacrifice de la messe. Puisque la mort de Jésus était conçue comme un sacrifice, l’acte commémoratif de cette mort devait participer au même caractère. La forme liturgique contribuait aussi à le lui donner, par l’oblation réelle du pain et du vin, avec la participation de tous les fidèles. aux mets sanctifiés, comme dans les sacrifices anciens. De là sortit l’idée d’un sacrifice commémoratif qui perpétuait simplement celui de la croix, n’enlevait rien à sa signification ni à son