Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/285

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donnée au ciel et sur la terre. Allez instruire toutes les nations... Je suis avec vous toujours jusqu’à la fin du monde [1]. » C’est ainsi que la conscience chrétienne se représentait le fondateur du christianisme, conformément à ce que Jésus lui-même avait annoncé de sa gloire à venir. Il était donc tout naturel que l’on priât Dieu par Jésus, avec Jésus, en Jésus, et l’on ne devait pas tarder à prier Jésus lui-même, si tant est qu’on ne l’ait pas fait aussi dès le commencement, puisqu’il était toujours avec les siens, prêt à les entendre, et qu’il avait pouvoir de les exaucer.

On ne conçoit même pas comment le christianisme aurait pu ne pas être le culte du Christ, et il n’est aucunement téméraire de supposer que ce culte a précédé, en quelque sorte, qu’il a soutenu et inspiré le travail de la pensée chrétienne sur la personne du Rédempteur. La conversation du chrétien était dans les cieux, avec son Seigneur ; s’il distinguait Dieu de son Christ, il n’en voyait pas moins Dieu dans son Christ, tant l’union des deux était étroite et

  1. MATTH. XXVIII, 18-20.