Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/286

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indissoluble ; on priait Dieu en priant le Christ, bien que les prières solennelles de la communauté fussent adressées à Dieu par le Christ. Jésus était comme la face de Dieu, tournée vers l’humanité. La piété chrétienne allait toujours plaçant le Sauveur au plus haut degré de la gloire, cherchant Dieu en lui et le trouvant, l’adorant au ciel et s’efforçant d’imiter ses exemples sur la terre, puisant sa force dans ce double caractère de son objet, le divin et l’humain. C’est là qu’a toujours été la vie du christianisme et le principe de sa fécondité morale. Bien hardis sont ceux qui croient que ce fut une altération de son essence. Inutile d’ajouter que la même piété, sous des formes diverses, subsiste dans les innombrables dévotions qui se sont rattachées au culte de Jésus et qui l’ont perpétué jusqu’à nous, principalement le culte de l’eucharistie et du Sacré-Cœur, celle-ci plus récente en apparence que dans le fond.

Le culte des martyrs n’est guère moins ancien que le martyre même. On s’attacha, dès les premiers temps, à recueillir les restes des frères défunts, surtout de ceux qui étaient morts pour la foi, parce que l’on croyait à la prochaine