Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/298

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Il peut être vrai que Dieu est la grâce unique, en tant qu’il est le bien suprême de l’homme et sa fin dernière. Mais la vie humaine ne peut se résoudre en un simple acte d’union à Dieu qui contiendrait toute la religion. Il est écrit que « la grâce de Dieu » est « multiforme [1] », et «elle doit s’adapter en effet aux conditions très variées de l’existence, y apportant Dieu, dont l’inépuisable nature ne se résume pas non plus pour l’homme en un seul aspect. L’activité du Père ne s’épuise pas dans le seul geste du pardon. Pourquoi son assistance permanente ne serait-elle pas rappelée et garantie par des signes sensibles ? Ces symboles ne portent pas la moindre atteinte à la majesté divine, s’il est bien entendu que leur efficacité n’a rien de magique, et si, au lieu de s’interposer entre Dieu et l’homme, ils ne font que rappeler à celui-ci la présence perpétuellement bienfaisante de son Créateur.

Le ministre des sacrements ne se place pas davantage entre l’homme et son Maître suprême, pour prendre la place de Dieu à l’égard de sa créature. Le caractère social du christianisme

  1. I PlER. IV, 10.