Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/301

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Est-ce que les apôtres ont adoré le Christ, même quand ils eurent acquis la foi à sa résurrection ? Est-ce que Jésus a été, pour la première génération chrétienne, autre chose qu’un médiateur divin, celui avec lequel et par lequel on prie et adore utilement le Père, non celui qui est adoré ? Mais ces circonstances ne font que mieux ressortir la nécessité d’un culte déifiant l’humanité, puisque, d’un monothéisme rigoureux, dont on a fortifié plutôt qu atténué la formule, est sorti le culte d’un être humain, dont on n’a jamais voulu renier le caractère humain, tout en proclamant sa divinité ; après quoi, comme pour suppléer le Christ dans son rôle de médiateur, la piété chrétienne s’est fait toute une hiérarchie d’intercesseurs au moyen des esprits célestes et de ses ancêtres spirituels, en tête desquels elle s’est plu à mettre la Vierge Marie.

Ni le culte du Christ, ni le culte des saints ne pouvaient appartenir à l’Evangile de Jésus, et ils ne lui appartiennent pas ; ils sont nés spontanément et ils ont grandi l’un après l’autre, puis ensemble, dans le christianisme se constituant ou déjà constitué. Le culte de Jésus et celui des