Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/307

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surnaturelle que l’on sollicite en de pareils cas, et pour que la valeur religieuse et morale des prières faites en ces conditions ne soit pas supérieure à celle des demandes adressées communément aux divinités païennes ; mieux vaudrait recommander aux écoliers de mériter le succès par le travail, à tous de veiller à leurs affaires, de compter à la fois sur la Providence et sur eux-mêmes pour la réussite de leurs entreprises.

Encore est-il que les puérilités apparentes de la dévotion sont moins éloignées qu’il ne semble de la religion. La face des choses est double. L’homme est comme placé entre la nature, où tout paraît fatal, et la conscience, où tout paraît libre. L’univers est pour lui un gigantesque mécanisme qui l’enserre de toutes parts, qui le broiera sans miséricorde, si l’occasion s’en présente, et le spectacle que se donne à lui-même un Être tout-puissant et bon. La contradiction qui se remarque dans la conduite de l’homme demandant à être dispensé de la fatalité, existe aussi dans le monde où se rencontrent la nécessité et la liberté. Aucune prière n’est insignifiante ni ridicule pour l’homme de foi, à condition qu’elle