Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/55

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perdre sa vie dans le temps pour la gagner dans l’éternité [1].

Si la perspective est nouvelle et diffère de l’impression que l’enseignement et les faits évangéliques avaient produite sur les témoins immédiats, elle n’en est pas moins vraie à sa manière. Il est conforme à l’ordre des choses humaines que l’œuvre des plus grands, leur génie et leur caractère, ne puissent être bien appréciés qu’à une certaine distance, et quand ils ont disparu. Le Christ, en tant qu’il appartient à l’histoire des hommes, n’a pas échappé à la loi commune. Sa grandeur n’a été perçue qu’après sa mort, et n’est-il pas vrai qu’elle est de mieux en mieux comprise à mesure que les siècles s’écoulent, que le présent s’améliore sous l’influence de l’Evangile, et que le passé s’éclaire de toutes les expériences faites par l’humanité vieillissante ? Ajoutons seulement que cette idéalisation inévitable et légitime du Christ, se produisant spontanément dans la conscience chrétienne, et non par un travail d’observation rigoureuse et de réflexion

  1. MATTH. X, 394