Page:Loisy - L'évangile et l'église, 1904.djvu/87

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produit en vue du jugement divin. L’âme, ou la vie, n’a de prix que par sa destinée, à raison du royaume que Dieu lui offre et qu’elle doit mériter.

Jésus résume tout le devoir dans le précepte de l’amour. Mais cet enseignement n’épuise pas toute la morale de l’Évangile et n’en indique pas la sanction dernière. A celui qui lui demande ce qu’il faut faire pour posséder la vie éternelle, c’est-à-dire pour avoir part au royaume des cieux, Jésus répond en énumérant les commandements du décalogue qui ont rapport au prochain ; puis il lui enjoint de le suivre lui-même, après avoir donné tout son bien aux pauvres [1]. L’amour n’est donc pas une fin en soi ; la charité tend au royaume ; elle sacrifie le temporel pour gagner 1'éternel. C’est en vain que l'on s’efforce d’amener le royaume à n’être plus « que le trésor que possède l’âme dans le Dieu éternel et miséricordieux [2] », si l’on entend ce trésor de la possession actuelle de Dieu par la charité. Il faut aimer maintenant

  1. MARC, X, 17-22.
  2. P. 49.