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vivaient seulement une demi-heure, leur vie était sauve ; mais l’areoï était réputé comme infâme et chassé par ce seul fait de la société.

En temps de paix ils parcouraient les îles, donnant partout leurs spectacles semi-religieux et semi-profanes ; en temps de guerre, ils étaient les plus braves guerriers, les plus dévoués et les plus fidèles au roi.

Religion. — Mœrenhout nous a laissé sur la religion des Tahitiens des détails assez complets et très pittoresques. C’est donc à lui surtout que nous avons emprunté les détails qui vont suivre[1].

Les Tahitiens étaient religieux au plus haut point. Ils eurent quelquefois dans ce domaine des conceptions élevées et puissantes, paraissant quelquefois empruntées à la religion mosaïque. Leur système est un composé de panthéisme et de polythéisme. Ils avaient toutefois un Dieu qui était la source de tout être et de tout mouvement et croyaient à l’immortalité de l’âme. Voici d’abord la traduction de leur cosmogonie telle qu’un vieux prêtre la donne à Mœrenhout lui-même :

« Il était, Taaroa était son nom ; il se tenait dans le vide. Point de terre, point de ciel, point d’hommes... Seul existant, Taaroa se changea en l’univers…

« Taaroa est la clarté, il est le germe, il est la base, il est l’incorruptible, le fort qui créa l’univers, l’univers grand et sacré, qui n’est que la coquille de Taaroa. C’est lui qui le met en mouvement en fait l’harmonie... »

Puis le Dieu s’adressent aux matières :

  1. Mœrenhout, Voyages aux îles du Grand Océan, vol. II, chap. I, sect. II.