Page:Lombard - L'Agonie.djvu/13

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ter l’assaut de la maladie. Très fier, très digne, ne se plaignant jamais, soutenu par des espoirs sans cesse reculés, il s’était réfugié à Charenton, dans un pauvre quatrième étage, ne voyant presque personne. Là, il travaillait comme un manœuvre, car c’était un laborieux terrible. Tout lui était bon : travaux de librairie, articles spéciaux de science ou de voyages. Il prenait tout ce qui s’offrait, parce qu’il fallait vivre. Son cerveau contenait une encyclopédie bouillante et fumeuse. C’était le type de l’homme de lettres du dix-huitième siècle. Au milieu de ces besognes obstinées et différentes, qui étaient son pain et celui de sa famille, jamais une compromission. Il se gardait pur, intact, croyant. Devant l’indifférence des critiques, devant le succès relatif et insuffisant de l’Agonie et de Byzance, il se disait avec une bonne humeur, voilée d’un peu de mélancolie : « Bah !… je travaillerai davantage encore… Et il faudra bien qu’un jour on reconnaisse la sincérité de mes efforts et ma valeur… Car, après tout, je ne suis pas tout le monde. » Hélas ! le pauvre garçon, il est mort trop tôt !

Ce sont de tristes conditions littéraires que celles où se débattent les écrivains d’aujourd’hui, au milieu d’une critique abjecte, que la sottise seule