m’intéressaient plus et, d’ailleurs, je me débrouillais fort bien tout seul.
Après nous être, en guise de dessert, gavés de myrtilles et d’œufs de cailles couvés, Oreille-Pendante et moi nous dirigeâmes avec prudence dans les bois avoisinant le fleuve. Là se trouvait le vieil arbre familial, d’où j’avais été expulsé par le Jaseur. Cet arbre était encore occupé. La famille s’était accrue ; en effet, un bébé s’agrippait à ma mère, et une fillette, perchée sur les branches inférieures, nous regardait avec curiosité. De toute évidence, c’était ma sœur, ou plutôt ma demi-sœur.
Ma mère me reconnut instantanément, mais lorsqu’elle me vit sur le point de grimper à l’arbre, elle me fit signe de m’éloigner. Oreille-Pendante, beaucoup plus méfiant que moi, battait déjà en retraite, et il me fut impossible de le persuader de revenir. Un peu plus tard dans la journée, ma sœur descendit sur le sol, et pendant tout l’après-midi nous prîmes nos ébats dans les arbres voisins.