chantaient en chœur. « Ha-ah, ha-ah, ha-ah-ha ! » constituait une de nos mélodies favorites, ainsi que : « Eh-oua, eh-oua, eh-oua-ha ! »
Gesticulant, bondissant, tournoyant, nous dansions en chantant dans le sombre crépuscule du monde primitif qui nous incitait à l’oubli, et, avec un ensemble parfait, nous nous lancions dans une voluptueuse frénésie. Ainsi l’art apaisa notre fureur contre Œil-Rouge. Nous hurlions ces chœurs sauvages jusqu’à ce que les ombres, descendant sur nous, nous eussent avertis des terreurs nocturnes. Nous nous glissions dans nos trous sur la falaise, nous appelant tout bas, tandis que les étoiles trouaient le ciel et que les ténèbres envahissaient le globe.
Seule l’obscurité nous effrayait. Nous ne possédions aucune notion religieuse, aucune conception d’un cosmos invisible. Nous ne connaissions que l’univers réel, et ne craignions que les dangers tangibles, les animaux carnassiers en chair et en os. Eux seuls rendaient pour nous la nuit redoutable, car c’était l’heure où ils quittaient leur repaire et