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BELLIOU-LA-FUMÉE

le nez sur sente, comme un chien de chasse. Ils l’auraient vu fouler aux pieds et élargir le contour de l’angle qu’ils venaient de faire vers l’Ouest. Enfin ils l’auraient vu poursuivre son chemin sur la vieille piste imprécise qui continuait au Sud.

Il y en avait bien une qui remontait leur rivière, mais elle était si légère qu’ils la perdaient constamment dans l’obscurité. Au bout d’un quart d’heure, Joy Gastell consentit à rester en arrière et à laisser les deux hommes frayer tour à tour leur chemin dans la neige. La lenteur avec laquelle ils procédaient permit à toute la ruée de les rattraper, et quand le jour parut, vers 9 heures, une file ininterrompue serpentait derrière eux à perte de vue. Les yeux noirs de Joy étincelèrent à ce spectacle.

« Depuis combien de temps avons-nous commencé à remonter le ruisseau ? demanda-t-elle.

— Deux bonnes heures, répondit la Fumée.

— Deux, et deux pour retour en font quatre, dit-elle en riant. La ruée du Sea-Lion est sauvée. »

Un vague soupçon traversa l’esprit de la Fumée. Il s’arrêta et la regarda en face.

« Je ne comprends pas, dit-il.

— Naturellement. Je vais vous expliquer. C’est ici la rivière de Norvège. Celle de la Squaw est la prochaine au Sud. »

La Fumée, pendant un instant, eut la parole coupée.

— « Vous l’avez fait exprès ? demanda le Courtaud.

— Je l’ai fait pour donner une chance aux vieux de la vieille. »

Elle éclata d’un rire moqueur. Les deux hommes se regardèrent en grimaçant, et finirent par rire aussi.

« Je vous battrais volontiers, si les femmes n’étaient pas si rares dans le pays, affirma le Courtaud.