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BELLIOU-LA-FUMÉE

Louis Gastell secoua la tête.

« Elle aura presque aussi vite fait de délimiter deux lots qu’un seul. Je vais grimper sur la rive, allumer du feu et me bander la cheville. Tout ira bien. Continue ton chemin, Joy. Marque notre lot au-dessus de celui de la Découverte ; le terrain est plus riche par en haut.

— Voici de l’amadou, dit la Fumée, partageant sa provision en deux parts égales. Nous prendrons soin de votre fille. »

Louis Gastell éclata d’un rire bourru.

« Merci tout de même, dit-il, mais elle est capable de prendre soin d’elle-même. Suivez-la et vous la verrez à l’œuvre.

— Vous permettez que je passe devant ? demanda-t-elle à la Fumée, en prenant la tête. Je connais le pays mieux que vous.

— Conduisez-nous, Mademoiselle, répondit galamment la Fumée ; je suis pourtant d’accord avec vous : c’est honteux de voir que tous ces Chéchaquos comme nous vont battre la bande du Sea-Lion. N’y a-t-il pas un moyen de les semer en route ? »

Elle hocha la tête.

« Nous ne pouvons pas cacher nos traces, et ils nous suivront comme des moutons. »

Au bout de cinq cents mètres, elle obliqua brusquement vers l’Ouest. La Fumée remarqua qu’ils marchaient dans de la neige non tassée, mais ni lui ni le Courtaud ne s’aperçurent que la piste indécise qu’ils avaient suivie jusque-là continuait vers le Sud.

S’ils eussent été témoins de la conduite subséquente de Louis Gastell, l’histoire du Klondike aurait été écrite différemment. Ils auraient vu ce vieux de la vieille, qui ne boitait plus du tout, courir à leur suite