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Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/106

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BELLIOU-LA-FUMÉE

Joy, maintenant, désirait ardemment que les deux hommes pussent jalonner un lot et craignait qu’ils ne ralentissent le pas en considération de sa fatigue manifeste. Elle insista pour prendre la tête. La rapidité et l’habileté avec lesquelles elle se tira de ce passage difficile provoquèrent l’admiration sans réserve de Courtaud.

« Regarde-la donc ! cria-t-il. Ça, c’est de la vraie Pâte-aigre. Regarde ses mocassins se balancer. Pas de talons hauts, ici : elle se sert des jambes que le bon Dieu lui a données. C’est la vraie squaw qu’il faudrait pour un chasseur d’ours. »

Elle se retourna pour lui lancer un sourire de remerciement dont la Fumée eut sa part.

Arrivés au bord de la Squaw, ils se retournèrent et virent la ruée qui s’égrenait en descendant péniblement la pente.

Ils déboulèrent sur la rive jusqu’au lit de la rivière. Gelée d’un seul bloc jusqu’au fond, elle avait une largeur de sept à dix mètres et courait entre des talus d’alluvion de deux mètres à deux mètres cinquante de haut. Aucune trace récente n’avait dérangé la neige qui recouvrait la glace ; ils en conclurent qu’ils étaient en amont du lot de la Découverte et des derniers jalonnements des prospecteurs du Sea-Lion.

« Attention aux sources ! avertit Joy, quand la Fumée prit la tête pour descendre la rivière. À vingt et un degrés au-dessous de zéro, si vous faites un trou, vous y perdrez certainement les pieds. »

Ces sources, communes à presque tous les cours d’eau du Klondike, ne tarissent jamais, même aux plus basses températures. L’eau coule des rives et s’amasse en petites mares garanties du froid par les