Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
101
BELLIOU-LA-FUMÉE

gels postérieurs de leur surface et les nouvelles chutes de neige. En marchant sur la neige sèche, on est exposé à passer à travers cette croûte de glace de trois centimètres d’épaisseur et à s’enfoncer jusqu’aux genoux dans l’eau. En cinq minutes, si l’on ne peut enlever les vêtements mouillés, on est condamné à l’amputation des membres inférieurs.

Bien qu’il fût seulement 3 heures de l’après-midi, le long crépuscule des régions arctiques étendait déjà sa grisaille. Ils se mirent à chercher sur l’une des deux rives un arbre marqué au feu, qui devait leur indiquer le jalon central du dernier lot délimité. Joy, dans son ardeur impulsive, fut la première à le trouver. Elle s’élança en avant de la Fumée en criant :

« Quelqu’un a passé ici. Voyez la neige. Cherchez l’arbre flambé. Tenez, le voilà ! Regardez ce sapin. »

Tout à coup, elle disparut dans la neige jusqu’à la taille

« Ça y est ! dit-elle piteusement. Puis aussitôt elle s’écria : N’approchez pas, je vais m’en tirer seule ! »

Pas à pas, brisant au fur et à mesure la mince couche de glace dissimulée sous la neige sèche, elle regagna le terrain solide. La Fumée, sans l’attendre, s’était élancé vers la rive où des branchettes et brindilles sèches, logées dans la broussaille par les crues de printemps, n’attendaient qu’une allumette. Au moment où elle arriva près de lui, un feu bien construit jetait ses premières flammes.

« Asseyez-vous », ordonna-t-il.

Elle s’assit docilement dans la neige. Il défit son paquet et étendit une couverture sous ses pieds. D’en haut leur parvinrent les voix des chercheurs d’or qui les suivaient.

« Que le Courtaud jalonne, dit-elle vivement