Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
106
BELLIOU-LA-FUMÉE

— Eh bien ! l’entrée orientale du canal de Panama est à l’Ouest de son entrée occidentale, voilà tout !

— Continue, dit le Courtaud. Je ne saisis pas encore la plaisanterie.

— En un mot, le Courtaud, tu as délimité nos deux lots sur une grande courbe en fer à cheval. »

Le Courtaud posa la « poêle à frire » dans la neige et se redressa.

« Continue, répéta-t-il.

— Le jalon supérieur du vingt-huit est trois mètres trente au-dessous du jalon inférieur du vingt-sept.

— Tu veux dire que nous n’avons rien à nous, la Fumée ?

— Pis que cela : nous avons trois mètres trente de moins que rien. »

Le Courtaud descendit la rive en courant. Cinq minutes après il était de retour. En réponse à un coup d’œil de Joy, il hocha la tête. Sans mot dire, il alla s’asseoir sur un tronc d’arbre et se mit à regarder fixement la neige devant ses mocassins.

« Nous ferions aussi bien de lever le camp et de retourner à Dawson, dit la Fumée en commençant à plier les couvertures.

— J’en suis navré pour vous, la Fumée, dit Joy. C’est entièrement ma faute.

— Ça va bien, répondit-il. Tout cela fait partie du train-train quotidien, vous savez.

— Mais c’est ma faute, c’est ma très grande faute ! insista-t-elle. Papa a jalonné pour moi en dessous de la Découverte, je le sais. Je vous donnerai mon lot. »

Il secoua la tête négativement.

« Le Courtaud ! » implora-t-elle.

Le Courtaud fit le même signe et se prit à rire, d’un