Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
109
BELLIOU-LA-FUMÉE

vous sentiez la bosse vous venir dans le dos, c’est-à-dire la série de veine, et alors de la pousser à fond.

— Ça paraît simple, railla la Fumée, si simple que je ne comprends pas comment les gens peuvent perdre.

— L’ennui, c’est que la plupart des types se fourrent leur bosse dans l’œil, concéda le Courtaud. Pour sûr, il y a des fois où la mienne me trompe. Le tout, c’est de se risquer, pour voir. »

La Fumée hocha la tête.

« Cela aussi, c’est une statistique de constater que la plupart des gens se trompent sur leur bosse.

— Voyons ! n’as-tu jamais senti venir une de ces séries de veine, avec la certitude que tu n’as autre chose à faire que de mettre ton argent sur la table pour ramasser la grosse somme ? »

La Fumée se mit à rire.

« J’ai trop la venette du pourcentage dressé contre ma veine. Mais je vais te dire ce que nous allons faire, le Courtaud. Je risque un dollar sur la bonne carte et nous verrons si ça nous rapporte de quoi prendre un verre. »

La Fumée se frayait un chemin vers la table de pharaon, quand le Courtaud lui saisit le bras.

« Arrête un peu ! Je sens une de ces bosses qui me grimpe dans le dos. Mets ton dollar sur la roulette. »

Ils allèrent à la table de roulette près du comptoir.

« Attends que je te donne le signal, conseilla le Courtaud.

— Sur quel numéro ? demanda la Fumée.

— Choisis-le toi-même. Mais ne lâche pas l’argent avant que je te prévienne.

— Tu ne viendras pas me dire que j’ai des chances égales à cette table ?