Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
110
BELLIOU-LA-FUMÉE

— Tu en as autant que tes voisins.

— Mais pas autant que la banque.

— Patience ! nous allons voir. Maintenant, vas-y ! »

Le croupier venait de lancer la petite balle d’ivoire, qui tourbillonnait autour du rebord poli sur la roue en révolution avec ses nombreuses cases. La Fumée, au bas bout de la table, étendit le bras par-dessus un joueur et laissa tomber son dollar à l’aveuglette. Il glissa sur le tapis vert et s’immobilisa au centre du 34.

La bille s’étant arrêtée, le croupier annonça :

« Le trente-quatre gagne ! »

Il ratissa les enjeux et mit une pile de trente-cinq dollars à côté de celui de la Fumée.

La Fumée prit l’argent, et le Courtaud lui frappa sur l’épaule.

« Elle était de bonne qualité, ma bosse, hein, la Fumée ? Comment pouvais-je le deviner ? On ne peut pas le dire. Mais je savais que tu allais gagner. Et, si ton dollar était tombé sur n’importe quel autre numéro, il aurait gagné quand même. Quand la bosse est juste on ne peut manquer de gagner.

— Suppose que la boule se soit arrêtée au double-zéro ? demanda la Fumée en se dirigeant vers le comptoir.

— Alors ton dollar se serait trouvé sur le double-zéro, répondit le Courtaud. Il n’y a pas à sortir de là. La bosse est la bosse, voilà. Revenons à la table. Ma bosse me dit qu’après t’avoir choisi un coup gagnant, je peux en gagner quelques-uns moi-même.

— Est-ce que tu joues d’après un système ? » demanda la Fumée au bout de dix minutes, quand son partenaire se fut allégé de cent dollars.

Le Courtaud secoua la tête avec indignation : il