Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
118
BELLIOU-LA-FUMÉE

les genoux de son partenaire. Il pesait trente-cinq livres, et le Courtaud fut pleinement averti de la réalité du choc.

« Ça, c’est un fait authentique, ajouta la Fumée pour lui river son clou.

— Euh ! j’ai vu dans mon temps des rêves bigrement vraisemblables. En songe tout est possible, mais dans la vie réelle un système ne l’est pas. Moi qui n’ai jamais été au collège, j’ai parfaitement le droit de croire que toute cette orgie de jeu n’est qu’un rêve, pour sûr.

— D’après la loi d’Hamilton sur le moindre effort, commenta la Fumée en riant.

— Je n’ai jamais entendu parler de ce pierrot-là, mais pour sûr sa drogue est bonne. Je rêve, la Fumée, et toi tu fourres ton nez dans mon rêve et tu me harcèles avec ton système. Si tu m’aimes, si, pour sûr, tu as de l’amitié pour moi, tu vas tout à coup beugler : « Le Courtaud ! Debout ! » Alors je m’éveillerai, et je me mettrai à faire la cuisine. »

V

Le troisième soir où la Fumée vint jouer, dès qu’il fit sa première mise, le croupier repoussa vers lui quinze dollars sur vingt-cinq.

« Vous ne pouvez jouer que dix dollars, déclara-t-il. Le maximum a été abaissé.

— On accepte les picaillons ! gouailla le Courtaud.

— Personne n’est obligé de jouer à cette table contre