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BELLIOU-LA-FUMÉE

miettes. Plus rien de régulier ni de constant. Deux représente huit ; neuf veut dire onze ; et deux fois deux font huit cent quarante-six et demi. La partie est le tout, zéro égale l’infini, et le double de tout est de la crème à la glace, du lait qui gicle et des chevaux bigarrés. Le calcul est battu par les chiffres. Tu as un système. Ce qui n’est pas existe, et ce qui n’existe plus ne peut pas ne pas être. Le soleil se lève à l’Ouest, la lune est une tarte, les étoiles sont des boîtes de conserve, le scorbut est une bénédiction de Dieu, les morts continuent à gigoter, les rochers flottent, l’eau est un gaz, je ne suis pas moi, tu es quelqu’un d’autre, et peut-être sommes-nous jumeaux, à moins que notre substance ne soit que du hachis de pommes de terre rissolé dans du vert-de-gris. Holà ! quelqu’un. Réveillez-moi ! Oh ! de grâce, réveillez-moi ! »

VII

Le lendemain, un visiteur se présenta à la cabane. La Fumée le connaissait. C’était M. Harvey Moran, le propriétaire de tous les jeux du Tivoli. On pouvait discerner une note de persuasion dans la voix grave et rude avec laquelle il entra en matière.

« Voici ce qu’il en est, la Fumée, déclara-t-il. Vous nous avez tous plongés dans les conjectures. Avec neuf autres propriétaires de jeux, je représente ici tous les salons de la ville. Nous n’y comprenons rien. Nous savons qu’aucun système n’a jamais prévalu contre la roulette. Toutes les têtes à X des collèges nous l’ont confirmé, à nous, les joueurs. Ils disent que la roulette