Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
BELLIOU-LA-FUMÉE

Il l’entraîna dans un coin tranquille de la salle, où des centaines de regards les suivirent avec curiosité.

« Écoute, la Fumée, murmura-t-il d’une voix de rogomme. Il se peut que ce ne soit pas un rêve. En ce cas tu vends ton truc bigrement bon marché. Pour sûr, tu tiens le monde par son fond de culotte. Il y a des millions là-dedans. Secoue-le, secoue-le dur !

— Mais si c’est un rêve ? demanda doucement la Fumée.

— Alors, pour l’amour du rêve ou pour l’amour du diable, fais sur ces joueurs-là tant que tu pourras. À quoi bon rêver si l’on ne peut poursuivre le rêve comme il faut, en toute certitude et jusqu’au bout ?

— Heureusement, ceci n’est pas un rêve, le Courtaud.

— Eh bien ! si tu vends ton secret pour trente mille, je ne te le pardonnerai jamais de ma vie.

— Quand je l’aurai vendu pour trente mille, tu te jetteras dans mes bras et tu ouvriras les yeux pour découvrir que tu n’as pas rêvé du tout. Ceci n’est pas un songe, le Courtaud. Dans deux minutes environ tu vas voir que tu étais parfaitement éveillé tout le temps. Laisse-moi te dire seulement que, si je vends mon secret, c’est que je suis obligé d’en arriver là. »

La Fumée revint à la table et informa les propriétaires des jeux que son offre tenait toujours. Ils signèrent des bons pour une somme de trois mille dollars chacun.

« Insiste pour avoir de la poudre d’or, lui conseilla le Courtaud.

— J’allais spécifier que je préférais la somme pesée », dit la Fumée.

Le propriétaire de la Corne d’Élan fit payer leurs bons, et le Courtaud prit possession de la poudre d’or.