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BELLIOU-LA-FUMÉE

dans ses eaux glacées et ramené des morceaux d’or qu’ils tenaient à deux mains. À plusieurs reprises, des vieux de la vieille avaient pénétré ces déserts inaccessibles et prélevé des échantillons du sol doré du lac. Mais l’eau était trop froide. Certains s’y noyèrent, dont on retira les cadavres ; d’autres y attrapèrent des fluxions de poitrine dont ils moururent ; et l’un de ceux qui avaient plongé ne reparut jamais.

Tous les survivants s’étaient proposé de revenir assécher le lac, mais aucun n’avait donné suite à ce projet. Une fatalité s’acharnait contre eux : l’un des explorateurs se noya dans un évent au-dessous du Forty Mile ; un autre fut dévoré par ses chiens ; un troisième fut écrasé par la chute d’un arbre. Ainsi s’était formé le mythe : le lac Surprise portait malheur ; son emplacement même était oublié, et son pavement d’or restait sous l’eau.

Les Deux-Cabanes, non moins légendaires, étaient cependant localisées d’une manière mieux définie. « À cinq sommeils », en amont de la rivière Mac-Question à partir de la Stewart, se dressent deux antiques maisons de bois, si vieilles qu’elles ont dû être construites même avant l’arrivée du premier chercheur d’or dans le bassin du Yukon. Des chasseurs d’élans, avec qui la Fumée lui-même s’était rencontré et entretenu, prétendaient avoir trouvé jadis les deux cabanes ; mais ils avaient en vain cherché la mine que devaient exploiter les anciens aventuriers.

« Je voudrais bien que tu t’en viennes avec moi, disait soucieusement le Courtaud au moment de la séparation. Parce que tu as le cafard indien, ce n’est pas une raison pour aller mettre le nez dans le malheur. Il n’y a pas à sortir de là, tu te rends dans une contrée maudite. Un sort est jeté dessus, pour