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Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/143

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BELLIOU-LA-FUMÉE

phie rationnelle, mais semblaient avoir été jetées là par suite de quelque farce cosmique. Il cherchait en vain une rivière ou un ruisseau qui coulât franchement au Sud vers la Mac-Question et la Stewart. Survint un orage de montagne qui lança une tourmente de neige dans le maquis des cimes et des gorges. Au-dessus de la ligne de haute futaie, sans feu, pendant deux jours il lutta à l’aveugle pour gagner des terrains plus bas. Le second jour, il se trouva sur le rebord d’un énorme talus. La neige tombait en rangs si épais qu’il ne pouvait apercevoir la base de cette muraille et n’osa pas en tenter la descente. Il s’enroula dans ses fourrures et se serra avec les chiens au creux d’un amas de neige, mais il n’osa se laisser aller au sommeil.

Au matin, l’ouragan s’étant apaisé, il sortit de son trou pour examiner le pays. À quatre cents mètres en contre-bas, il reconnut sans erreur possible un lac gelé et recouvert de neige, autour duquel se dressaient de tous côtés des pics dentelés. L’endroit répondait exactement à la description qui lui en avait été faite. Il venait, à l’aveugle, de trouver le lac Surprise.

« Il mérite bien son nom », murmura-t-il lorsque, une heure plus tard, il en atteignit les bords.

Comme il se dirigeait vers l’unique bois de ces parages, un taillis de vieux sapins, il rencontra trois tombes, ensevelies sous la neige, mais dont les têtes étaient marquées par des poteaux équarris portant des inscriptions illisibles.

À l’orée du bois se dressait une petite cabane de torchis. Il tira le loquet et entra. Dans un coin, sur ce qui fut jadis un lit de rameaux de sapins, gisait un squelette encore enveloppé de fourrures que la pourriture avait déchiquetées. Voilà le dernier visi-