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Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/145

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BELLIOU-LA-FUMÉE

condaires et suivi les détours de gorges sauvages qui se terminaient en impasses, il avait dormi avec les chiens, et deux fois seulement il avait réussi à construire un feu et à dégeler de la viande d’élan.

Maintenant, enfin, il se trouvait bien campé et bien repu. L’orage était passé, il faisait un temps clair et froid. La disposition du terrain était redevenue normale. La rivière près de laquelle il se trouvait présentait un aspect naturel et se dirigeait congrûment vers le Sud-Ouest. Mais le lac Surprise était perdu pour lui, comme pour tous ceux qui l’avaient cherché jadis.

Ayant descendu la rivière pendant une demi-journée, il atteignit un cours d’eau plus important et pensa que ce devait être la Mac-Question. En cet endroit il tua un élan, et une fois encore chaque chien-loup transporta une charge de viande de cinquante livres au bas mot. Au moment où il obliquait pour descendre cette nouvelle rivière, il tomba sur une piste de traîneau. Les dernières neiges l’avaient recouvertes, mais en dessous elle était bien tassée par de fréquents voyages. Il en conclut que deux campements avaient été établis sur la Mac-Question et que cette piste les reliait. Évidemment quelqu’un avait découvert les Deux-Cabanes, et c’était là qu’était le campement inférieur. Il se dirigea donc en aval.

Il faisait quarante degrés au-dessous de zéro quand il campa ce soir-là ; il s’endormit en se demandant quels étaient les hommes qui avaient pu retrouver les Deux-Cabanes, et s’il pourrait y arriver le lendemain. Il se mit en route aux premières lueurs de l’aube, et suivit sans difficulté la trace à moitié recouverte, foulant la neige nouvelle de ses raquettes pour empêcher les chiens d’y enfoncer.