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BELLIOU-LA-FUMÉE

mier être humain qu’il voyait depuis trois semaines qu’il avait quitté le Courtaud. Puis il pensa au meurtrier caché sur la rive d’en face. Sans se montrer, il lança un sifflement avertisseur. L’homme ne l’entendit pas : il approchait rapidement. La Fumée siffla de nouveau et plus fort. L’étranger cria un ordre à ses chiens et s’arrêta. Il s’était déjà retourné et faisait face à la Fumée lorsqu’un nouveau coup de feu partit. Immédiatement, la Fumée, au jugé, tira vers le bois dans la direction du son. L’homme près de la rivière avait été atteint du premier coup. Le choc de la balle à tir rapide le fit chanceler. Il trébucha gauchement vers le traîneau, y tomba à demi, et tira un fusil de dessous les amarres. Au moment où il essayait de l’épauler, sa taille s’affaissa, et il glissa lentement dans une position assise sur le traîneau ; puis soudain, pendant que le coup partait au hasard, il se renversa sur un coin du chargement, de sorte que la Fumée ne pouvait voir que ses jambes et son ventre.

De la vallée monta un nouveau bruit de grelots. L’homme ne bougeait plus. Sur la courbe oscillèrent trois traîneaux, accompagnés d’une demi-douzaine d’hommes. La Fumée cria pour les avertir, mais déjà ils avaient vu la détresse du premier traîneau, et ils y couraient. De l’autre rive il ne partait plus de coups de feu, et la Fumée, appelant ses chiens, sortit du couvert. Il y entendit des exclamations dans la troupe, et deux hommes, arrachant leur moufle droite, le mirent en joue.

« Avance, assassin ! commanda l’un d’eux, un homme à barbe noire ; mais d’abord jette ton fusil dans la neige. »

La Fumée hésita, puis laissa tomber son fusil et s’approcha d’eux.