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BELLIOU-LA-FUMÉE

« Et un coup qui vient d’être tiré, déclara-t-il.

— La balle lui est entrée dans le dos, dit la Fumée. Il me faisait face quand le coup de feu est parti. Tu le vois, il a été tiré de l’autre rive. »

La barbe noire pesa cette assertion à peine une seconde, et secoua la tête.

« Ça ne prend pas. Vous autres, placez-le, le visage tourné vers le fleuve : voilà comment il était quand tu l’as frappé dans le dos. Allez, quelques-uns, inspecter la piste en amont et en aval et voir si vous trouvez des traces qui se dirigent vers l’autre rive. »

Ils rapportèrent que de ce côté la neige était intacte. Pas même un lièvre ne l’avait traversée.

La barbe noire, penché sur le mort, se redressa, tenant à la main un tampon de laine et de poils : l’émiettant, il en dégagea la balle qui avait percé le corps. La pointe s’était aplatie à la dimension d’un demi-dollar, la base, enveloppée d’acier, était intacte. Il la compara avec une cartouche prise à la ceinture de la Fumée.

« Étranger, voilà des preuves assez claires pour satisfaire même un aveugle. C’est une balle à pointe molle et à enveloppe d’acier, et la tienne est à pointe molle et à enveloppe d’acier. C’est du 30.30 ; et la tienne est du même calibre. Elle est fabriquée par la J. et T. Arms Company, la tienne aussi. Maintenant nous allons monter sur le talus et nous rendre compte exactement de la façon dont tu as opéré.

— J’ai été moi-même victime d’un guet-apens, dit la Fumée. Regarde le trou dans ma parka. »

Pendant que la barbe noire examinait le vêtement, un des voyageurs ouvrit la culasse du fusil du mort. Tous purent voir qu’il avait tiré un coup de feu. La douille était encore dans la chambre.