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BELLIOU-LA-FUMÉE

« C’est une sale déveine que le pauvre Joe ne t’ait pas touché, dit amèrement la barbe noire. Mais ce qu’il a fait était déjà joli avec un pareil trou dans le corps. Viens, maintenant, toi.

— Fouillez l’autre rive d’abord, demanda instamment la Fumée.

— Tais-toi ! suis-nous et laisse parler les faits. »

Ils quittèrent la piste à l’endroit où lui-même l’avait laissée, et suivirent ses traces en remontant le talus jusque parmi les arbres.

« Il a piétiné là pour se réchauffer les pieds, dit Louis en montrant la neige. À cet endroit il a rampé sur le ventre. Ici il s’est appuyé le coude pour tirer.

— Eh, parbleu ! voilà la cartouche vide qu’il a brûlée ! s’écria la barbe noire. Mes enfants, il n’y a qu’une chose à faire…

— Tu pourrais me demander comment j’ai été amené à tirer cette cartouche, interrompit la Fumée.

— Et je pourrais aussi te faire avaler tes dents si tu nous tiens tête plus longtemps. Tu auras loisir, plus tard, de répondre à des questions de ce genre. Maintenant, mes amis, nous sommes des gens convenables et respectant la loi, et il faut mener cette affaire de façon régulière. Combien de chemin penses-tu que nous ayons fait, Pierre ?

— Je ne crois pas me tromper en disant trente kilomètres, certainement.

— Très bien. Nous allons cacher notre chargement et mener ce type-là et le pauvre Joe aux Deux-Cabanes. Et je compte bien que nos témoignages lui mettront la corde au cou. »