Aller au contenu

Page:London - Belliou la fumée, trad. Postif, 1941.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
BELLIOU-LA-FUMÉE

viennent. Si je m’en chargeais pour La Vague ? Je paierais mes frais. »

O’Hara secoua la tête.

« Je ne puis me passer de vous au bureau, Kit. Et puis il y a ce feuilleton. En outre, j’ai vu Jackson il n’y a pas une heure. Il part demain pour le Klondike, et il est convenu qu’il enverra toutes les semaines une lettre et des photos. Je ne l’ai pas lâché avant d’avoir sa promesse. Et le plus beau de l’affaire est que cela ne nous coûte rien. »

La prochaine occasion où Kit devait entendre parler du Klondike se présenta dans l’après-midi, lorsqu’étant entré au club il rencontra son oncle dans un réduit de la bibliothèque.

« Salut ! paternel avunculaire, dit-il en se renversant dans un fauteuil de cuir et en étendant ses jambes. Voulez-vous me tenir compagnie ? »

Il commanda un cocktail, mais l’oncle s’en tint au clair bordeaux de Californie qu’il buvait exclusivement. Il regarda d’un air de désapprobation irritée, d’abord le cocktail, puis la figure de son neveu. Kit vit un sermon s’amasser à l’horizon.

« Je n’ai qu’une minute à moi, s’empressa-t-il d’avertir. Il faut que je coure voir l’Exposition de Keith chez Ellery et que j’écrive là-dessus une demi-colonne.

− De quoi souffres-tu ? demanda l’autre. Tu es pâle. Tu as l’air d’une ruine. »

Un gémissement fut la seule réponse de Kit.

« J’aurais le plaisir de t’enterrer, je le prévois. »

Kit hocha tristement la tête.

« Merci, très peu pour moi du ver rongeur. J’en tiens pour la crémation. »

Jean Belliou descendait de la vieille souche endurcie et endurante qui avait traversé les plaines en